Jospin Superstar

Dès le premier jour, on devine combien tenir un blog relève de l’idiotie béate ou de la gageure surhumaine. Il est impossible de tout ramasser dans ces phrases claudicantes. Le temps ne suffit pas. Et puis il faut pouvoir se poser dans une salle de presse bondée, parcourue par ses nuées d’accréditations arc-en-ciel. On le sait, Cannes, c’est la lutte des classes fixée à jamais par la couleur des badges. Entre les projections, les rencontres et les rares moments de sustentation naturelle, il est assez compliqué de méditer sur son propre carnet de bord.

Soirée d’ouverture de la Semaine de la Critique. Je découvre, pour ma première année au comité de sélection, les coulisses du légendaire Miramar (mais oui, les secrets derrière la porte, en bas à droite, que l’on voit s’ouvrir et se refermer régulièrement). Il faut jouer le jeu d’un photocall privé, prenant la contenance que l’on peut – c’est-à-dire celle d’un otage endimanché. Et puis il faut faire un petit tour sur scène, à l’appel de notre jovial marionnettiste, tandis que la salle pleine comme un œuf scande votre nom. C’est assez gênant. Mais on s’y fait.
Avec la projection du Nom des gens, la Semaine partait sur de bonnes bases, avec sa cerise pipolitique sur le gâteau. La surprise n’en était plus vraiment une. Éventée çà et là, de Libé à On n’est pas couché. Lionel Jospin était donc présent à l’occasion de cette comédie socialiste loufoque, dans laquelle il fait une apparition remarquée, dans son propre rôle. Il est assez drôle de constater que, malgré sa robe à damner un électeur du FN, Sara Forestier se fit voler la vedette par Casque Blanc – qui présida autrement, et sous quels auspices !, l’ouverture de cette 49e Semaine.

Après un repas italien avec le comité de sélection le plus glamour de la Croisette (selon un sondage paru dans Elle), ledit comité s’est rendu en délégation à la fête d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs. Nous avons bu de la bière à la cerise, des whiskys coca à gogo, croisé une autruche apolitique et une licorne un peu malade, dansé avec Frédéric Boyer sur un air africain, parlé à un journaliste de Chronic’Art. Quand le débat s’est porté sur l’anticapitalisme dans l’œuvre de Zack Snyder, je me suis dit qu’il était déjà bien tard. Il fallait rentrer. Remonter la Croisette, parmi les robes légères et les estomacs lourds.

Quatre heures plus tard, quand le réveil sonne, on maudit l’idée même d’open bar. Oliver Stone voudrait que l’argent ne dorme jamais ; j’ai dû dormir durant une bonne moitié du film. Il est heureux que je n’en fasse pas la critique en bonne et due forme. Le temps cannois n’est jamais celui de la réflexion. Ne jamais croire ce que vous lisez dans vos quotidiens. Les journalistes, d’abord frais comme des gardons, s’épuisent vite malgré leur bouteille. Ce Wall Street 2 est assez mou du genou. Quoique j’en apprécie le revival eighties jusque dans la résurrection des Talking Heads, ce que j’en vois est plutôt inoffensif. Michael Douglas passe un peu à côté d’un rôle dont il faut bien dire qu’il n’a pas la force du premier opus. Et puis, un tel salaud qui tente de se racheter en achetant l’amour des autres, ça sent le sapin.

Du coup, je n’ai pas le temps de parler des autres films vus aujourd’hui. J’essaye de rattraper ça demain. Je parlerai aussi d’une de mes « idoles » (soyons groupie), rencontrée autour d’un café. Philippe Garnier, le dernier des Mohicans.

    • Haolo
    • 15 Mai 2010

    Bon festival à vous ! ( signé : un admirateur 😉

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